Il m’arrive souvent, dans le silence de mon atelier, de penser à ceux qui écrivent encore des lettres. Pas des mails. Pas des textos. Des lettres. Celles qu’on plie avec soin, qu’on glisse dans une enveloppe choisie, qu’on affranchit comme on offrirait une fleur. Celles qu’on attend, longtemps parfois, et qui arrivent un jour, comme une présence.
L’art de la lettre : un geste d’amour

Écrire une lettre, c’est ralentir. C’est prendre le temps de penser à l’autre, de lui offrir un peu de soi. C’est un geste d’amour, d’amitié, de curiosité.
C’est aussi un geste artistique. Dans mon travail, la correspondance est partout.
Je dessine des enveloppes, j’écris des oiseaux dans les marges, je laisse les billes de mes stylos Bic s’envoler. Chaque enveloppe est une œuvre. Chaque timbre, un petit monde.
La lettre, un genre littéraire à part entière
Je pense souvent à Madame de Sévigné, qui écrivait à sa fille avec une tendresse infinie.
À Georges Sand, qui échangeait avec Flaubert, avec Liszt, avec les idées.
À Rilke, qui écrivait à un jeune poète pour lui dire : “Soyez patient envers tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur.” A Fénelon, à Mme de Pompadour, à Voltaire… (ma bibliothèque regorge de littérature épistolaire).
Ces lettres sont des trésors. Elles passent les ans, les siècles et nous parlent encore.
Elles nous rappellent que l’écriture peut relier, consoler, éclairer.
Écrire pour recevoir
Il y a dans la lettre une promesse secrète : celle d’un retour. On écrit pour être lu, mais aussi pour être rejoint. Recevoir une lettre, c’est recevoir une présence. C’est ouvrir une enveloppe comme on ouvrirait une porte.
Et si nous réapprenions à écrire ?
À glisser dans nos vies ce rituel doux, ce lien tangible ?
À faire de la correspondance un art, une joie, une respiration ?
« Ecris-moi un oiseau » : une correspondance illustrée

L’année dernière, j’ai lancé un appel à mes abonnés :
“Écris-moi un oiseau.”
Et ils l’ont fait.
J’ai reçu une centaine de lettres, chacune portant le nom d’un oiseau.
En retour, j’ai dessiné cet oiseau sur l’enveloppe, et je l’ai renvoyé.
Un jeu, une complicité, une aventure postale.
Une volière de papier s’est formée, entre les boîtes aux lettres et mon atelier.
Ce projet va bientôt reprendre.
Alors je vous propose ceci :
Prenez une feuille. Un stylo. Une adresse. Écrivez.
Et si le cœur vous en dit… écrivez-moi un oiseau.
Je vous lirai avec joie.
Et peut-être, un jour, vous recevrez une lettre de mon atelier, avec des plumes dessinées rien que pour vous.